Fabrication détaillée
des Cristallines


La matière utilisée pour les cristallines est essentiellement la Porcelaine ! Terre à la fois, la plus noble et la plus capricieuse qui soit.

Malgré un tendance manifeste à détester être "tournée", elle se laisse faire entre des mains expertes pour donner des formes variées (surfaces renflées telles que boules, oeufs, vases ventrus, coupes, saladiers etc...) où la cristallisation se développera de façon plus spectaculaire.

Les cristaux exercent une telle attirance sur le regard qu'il n'est pas souhaitable que la forme, vienne trop interférer avec la beauté des cristaux.

Le procédé est le même que pour une pièce en grés où en faïence : Centrage (ci-dessus), tournage (à gauche) et finition des socles (ci-dessous)

Une fois le diamètre de la base de la pièce mesurée (très précisément), on va tourner avec la même porcelaine, une seconde pièce. Le haut aura le même diamètre et le bas en forme de coupelle va pouvoir "récupérer" le surplus d'émail qui ne manquera pas de couler pendant la cuisson. En d'autres circonstances la pièce serait "collée" sur les plaques du four. Cette pièce est appelée un "catcher"
Après 1 à 3 jours de séchage, la porcelaine a alors la consistance d'un "cuir". Elle sera alors "tournas- sée" avec un "tournassin" ou une "estèque" métal- lique. On obtiendra alors une surface très lisse où les marques de tournage auront été effacées. Le dessous de la pièce est aussi façonné à ce moment.

Le séchage définitif va prendre de 1 à 3 semaines, sur les étagères de l'atelier.

Les pièces seront alors mises au four pour une première cuisson dite "dégourdi".

Cette cuisson va durer 8 heures et fonction des types de porcelaine atteindra de 950 à 1050°C, ce qui a pour effet de durcir la porcelaine pour l'émaillage, tout en la conservant "poreuse".

Après complet refroidissement les pièces pourront alors être émaillées avec une formule contenant beaucoup de d'oxyde de zinc, de silice et divers "fondants" (bore, Soude, potasse, calcaire etc...

L'émail des cristallines peut être acheté dans le commerce, mais les fournisseurs sont rares et ne disposent pas forcément de ce qui convient à nos besoins.

En conséquence nous le fabriquerons nous-même !

Avec l'aide d'un programme de calculs céramique, un soupçon de curiosité, de la pratique et beaucoup d'essais infructueux... des notes manuscrites, et des échanges avec d'autres passionnés : la réussite va parfois nous faire oublier tous ces désagréments.

A l'approche du but recherché, il va souvent être nécessaire de faire encore une dizaine de cuissons pour parfaire la recette !

La recette va alors être pesée avec précision (au 1/100g). Le port d'un masque anti-poussière est impératif (certains produits sont nocifs).

La deuxième opération : "Orangina seukoué môa" sera importante pour obtenir un mélange homogène qui ne fera peut-être pas de grumeaux dans l'émail additionné d'eau.
Troisième opération : L'émail+eau pure, ayant la consistance d'une crême fouettée, va être tamisé (2 fois) au tamis 120 puis 200, afin d'être cette fois, parfaitement homogène. 
Après la première cuisson de dégourdi, la porcelaine est théoriquement encore assez poreuse pour absorber l'eau de l'émail et ainsi permettre à celui-ci de rester collé (sous forme de poudre) sur la pièce.

Parfois il va falloir ajouter de la colle à papier peint dans l'eau de l'émail pour y arriver !

L'émail sera appliqué par "trempage", "coulage", au pinceau ou pulvérisé au pistolet. L'épaisseur de  2 à 4mm. J'utilise pour ma part "coulage" et puis le pinceau.

Pour faire simple : il faut aussi utiliser l'émail dans l'heure qui suit sa préparation, car certains composants se solubilisent dans l'eau modifiant ainsi la formule.

Et comme l'émail va couleur énormément : Il faut en mettre plus épais en haut  et plus fin en bas. On peut faire plus simple, mais c'est plus compliqué!

Après 1 à 2 jours de séchage (il faut éliminer l'eau qui a pénétré dans la pièce), ajuster et coller les "catchers" au bas de la pièce et remplir le four de façon adéquate.

La courbe de cuisson ci-contre va être effectuée.  8H de montée à 1280°, puis 4 à 8H de palier autour de 1100° où vont se développer les cristaux (approx. 1cm de diamètre à l'heure). Avec le refroidissement lent, la cuisson va durer plus de 24H avant de pouvoir ouvrir le four et voir le résultat !

A la fin de la cuisson, toutes les pièces sont collées au "catcher" par les coulures d'émail.



 La partie la plus délicate reste à faire : détacher le "catcher" de la pièce, sans l'endommager !

Séparation à la disqueuse diamant
avec masque et lunettes de protection.


et ébarbage (très délicat) du socle
.

La dernière opération :
Pose d'un disque diamanté fin (et aimanté) sur le tour afin de parfaire la finition du socle de la pièce.

That's all folks !

Ca a l'air compliqué comme ça ! mais...   
on ne vous a pas tout dit : Il faut aussi être "mazo" (ou très passionné)!

Catherine TORRES